Les écolieux : projets utopiques ou véritables terres de résilience ?

Avant de démarrer ce petit tour de France des écolieux (également dénommés « tiers-lieu », « lieux autogérés », « oasis » ou encore « écovillages »), en voici une définition la plus largement répandue : lieu de vie en transition vers un idéal écologique, solidaire et en équilibre économique.

« Si quelqu’un rêve seul, ce n’est qu’un rêve. Si plusieurs personnes rêvent ensemble, c’est le début d’une réalité ! » – Friedrich Hundertwasser

Il est ainsi sous-entendu qu’au moins 3 personnes s’associent pour gérer le lieu autour d’une ou de plusieurs activités liées à l’écologie, telles que l’élevage, le maraîchage permacole, l’enseignement scolaire alternatif, etc.

Notons enfin qu’il ne faut pas confondre écolieu et tiers lieu. En effet, sur le site de l’association des Colibris, on apprend que, bien que les frontières puissent être minces, « on ne démarre pas un habitat collectif (sous-entendu un éco-lieu de vie) aussi facilement qu’un tiers lieu où personne n’habite ».

En préambule, précisons que ce tour des initiatives du genre sera forcément partiel et partial. Toutefois, cet article vise à mettre en lumière certains écolieux emblématiques.

En collaboration avec Habitat Participatif France, la Coopérative Oasis soutient et promeut un réseau de près de 1000 lieux et projets sur le territoire français – la moitié d’entre eux correspondant à des lieux aboutis et habités -, dont voici les 5 critères communs :

  • « L’autonomie alimentaire : avec l’intention de travailler la terre et de produire ce qu’on consomme grâce à des méthodes de cultures respectueuses du vivant, comme l’agroécologie.
  • L’autonomie énergétique : pour répondre aux besoins du lieu, tout en limitant les besoins.
  • La mutualisation : l’idée est de mettre en commun les ressources pour limiter son impact sur l’écosystème et gagner en confort de vie.
  • La gouvernance partagée : pour que chaque membre du collectif soit respecté dans ses besoins et ses désirs.
  • L’ouverture vers l’extérieur : en partant du principe que le modèle d’abondance peut irriguer le territoire. Sans faire de plaidoyer pour promouvoir leur démarche, les lieux restent ouverts pour diffuser leurs pratiques ».

Aussi, les écolieux peuvent être considérés comme des « oasis de vie », tandis que les tiers lieux sont plutôt des « oasis ressources ». Autre différence notable : « la préoccupation écologique est constitutive des écolieux (…), elle est plus aléatoire dans les tiers lieux ». A contrario, la recherche d’un équilibre économique et l’accueil du public peuvent être considérés comme secondaires dans le cadre d’un écolieu.

Premier écolieu bien plus atypique qu’utopique : le Village Emmaüs Lescar Pau (64). Crée il y a bientôt 40 ans, ce lieu magique vise à relancer des individus « en situation de fragilité économique » ou à accueillir des personnes « cherchant à s’inscrire dans un mode de vie différent ».

Ce village d’une centaine d’habitants est composé d’un bric à brac, une épicerie, une aire de jeux, un restaurant, une ferme, des habitations insolites et des ateliers. A visiter cet été si vous passez à proximité !

Poursuivons ce tour de France des écolieux en nous arrêtant cette fois en Eure-et-Loir dans l’écohameau du Plessis (28), où comment allier écologie et esthétique dans un havre de verdure.

Maisons en matériaux biosourcés, chauffées sans énergie fossile, avec traditionnelles toilettes sèches, eau chaude solaire ou chauffe-eau thermo-dynamique caractérisent tout d’abord le volet habitat du village, un « véritable laboratoire de l’éco-construction » selon l’un des membres de l’association syndicale libre (ASL).

Par ailleurs, l’idée est de réduire son empreinte écologique en mutualisant buanderie et chambres d’amis !

D’autre part, une parcelle de 4,3 hectares est travaillée selon les principes de la permaculture et en agroforesterie ; plus de 100 arbres dont une majorité de fruitiers ont déjà plantés et des potagers collectifs nourriciers sont intégrés aux habitations.

Pour finir, les eaux grises sont recyclées grâce à la phytoépuration. Cela participe au design global de l’écolieu avec des mares, bassins, etc., et à la constitution de réserves d’eau pour l’été.

Plus près de chez nous, la Ferme des Volonteux située dans le très dynamique département drômois, sublime agriculture, arboriculture et entrepreneuriat social et solidaire.

Une vingtaine de « volonteux » travaillent ensemble sur des activités complémentaires. Fruits, légumes et céréales bio sont vendus directement à l’épicerie ou en circuit-court. Sont également organisés des formations, conférences et autres ciné-débats.

S’il ne constitue peut-être pas le plus original des écolieux, il s’agit assurément d’un magnifique exemple à suivre pour tous celles et ceux qui hésitent à se lancer dans la co-construction d’un oasis.

Nous aurions pu achever notre voyage en évoquant par exemple la transformation, près de Redon dans le Morbihan, d’un ancien élevage de volaille industrielle de 20 ha en ferme collective agroécologique, ou des dizaines et des dizaines d’autres écolieux.

Mais, puisqu’il faut bien faire un choix, je vous propose de finir en beauté en Alsace par l’oasis-ressources Multikulti basée dans le village (700 habitants) de Mietesheim.

C’est là-bas que Stéphanie, fille et petite fille d’agriculteurs alsaciens, malgré des études d’arts et une carrière entamée dans le domaine de la culture, décide un beau jour de tout quitter pour reprendre la ferme familiale, à l’abandon depuis 5 ans. La folle histoire venait de commencer.

Trois ans plus tard et alors qu’elle a failli tout arrêter l’an passé, l’oasis a vu se lancer pléthore d’activités professionnelles et/ou culturelles : boulangerie (bio), maraîchage en biodynamie, ateliers de céramique, de peinture, de couture, d’écriture, de sophrologie…

La gouvernance de l’association est horizontale avec des binômes pourvus de rôles bien définis dans un domaine, ce qui permet de « bien clarifier les périmètres tout en ne faisant pas reposer la responsabilité (…) sur une seule personne ». Autre concept innovant : « tous les ans, tout le monde change d’équipage, ce qui permet à chacun de toucher à tout et à l’association de gagner en résilience ».

Quoi de mieux pour conclure que de reprendre les mots de la créatrice de Multikulti : « ici, on se demande ce qui est vraiment important pour soi, et on s’y consacre pleinement ». Quand le bien-être individuel rejaillit sur le bonheur collectif…

Pour poursuivre la découverte des écoliers permacoles français et belges : https://www.facebook.com/lepermacooltour/

SOURCES :

http://www.ecoliens.org/ecoprojets-ecolieux-ecovillages/

https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/ecolieux-ou-tiers-lieux-quelles-differences

https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/tour-france-ecolieux

https://cooperative-oasis.org/deja-300-investisseurs/

https://cooperative-oasis.org/Multikuti-ferme-grands-parents/

 

4 Comments

  1. Merci pour votre commentaire, effectivement c’est important d’être bien renseigné. Chaque geste compte 🙂

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