Tout le monde a déjà entendu parlé de la Fashion Week* ou de la fast fashion (comme existent de nombreux fast foods), mais avez-vous déjà entendu parlé de slow fashion (“mode douce” ou “lente” en français) ? Où quand la consommation éthique passe nécessairement par la constitution d’une garde-robe éco-responsable. Ok, mais on a déjà tous entendu autour de nous quelqu’un sortir des phrases du type : “je ne connais pas de marque éthique”, “les vêtements écoresponsables ne sont pas souvent jolis”, “la mode responsable c’est trop cher”, etc.
Dans un article paru sur le site web de Marie France le 11 mai 2021, on apprend tout d’abord – sans grandes surprises – que cela consiste à réduire la fréquence de ses achats et à privilégier la seconde main où les produits à base de matière première recyclée. Car, rappelons-le d’emblée : la filière textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde (derrière celle du pétrole). Pire, si les tendances actuelles d’achat se poursuivaient, la part du secteur de la mode passerait de 2 à 26 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales d’ici 2050 ! Autre point positif si l’on passe à la slow fashion : se munir de vêtements de meilleure qualité, donc plus durable dans le temps. On réduit donc le coût par utilisation de l’habit éthique. Et tac.
Pourquoi un tee-shirt à 30 € respectant les salariés et la planète paraîtrait plus cher qu’un tee-shirt qui fait apparaître le logo d’une grande marque au même prix ? Pourquoi le fait d’acheter trois tee-shirts issus de la fast-fashion à 10 € nous semble toujours moins cher ? La surconsommation a pour corollaire – entre autres – la fast-fashion. Et qui dit fast fashion dit gros budgets marketing et qui dit marketing, dit storytelling, réputation et image de marque ; et qui dit tout cela dit manipulation au plan psychologique, du marketing à la fois de haut vol et de bas étage. On nous a vendu du rêve durant toute notre enfance et notre adolescence lorsque le cerveau est encore malléable, que nos considérations écologiques n’étaient pas encore très développées. Et nous voilà pris·e au piège à l’aube de nos 25, 35 ou même 50 ans de “mantras” dictés par les mastodontes de la fast fashion et des autres industries polluantes dont notre cadre de références a beaucoup de mal à se défaire.
Si on poursuit notre petite investigation et que l’on pousse le bouchon (en plastique bien sûr !) un peu plus loin, Greenpeace – via notamment des données collectées par l’ADEME – avance quelques points qui font frisquet dans le dos. C’est ainsi que “l’industrie de la mode jetable” (une autre façon sympa de nommer la fast-fashion) impacte notre environnement de manière durable voire irréversible. Comment ? En le polluant et en détruisant durablement les écosystèmes, en violant les droits humains, etc. Au rayon pollution, il y a bien évidemment le coton très gourmand en pesticides et grand consommateur d’eau. À titre d’exemple parlant, “un jean nécessite 7’500 litres d’eau, soit l’équivalent de 50 baignoires remplies”… Ça en fait des bains pour le bambin !
Le polyester, moins connu, “une fibre synthétique dérivée du pétrole, est quant à lui devenu la matière la plus utilisée par l’industrie textile”. Malgré ses atouts techniques incontestables, il présente le gros désavantage de se désintégrer au lavage, “des microfibres plastiques [étant] relâchées dans les cours d’eau, puis les océans”. Chaque année, ce sont – toujours selon l’ADEME – l’équivalent de 50 milliards de bouteilles plastiques qui seraient rejetées en mer du fait de l’utilisation du polyester.
Au chapitre violations des droits humains, on est “pas mal non plus”. Greenpeace rappelle notamment qu’en 2006, dans la région de Vidarbha en Inde, des milliers de paysans surendettés se sont suicidés en ingurgitant des pesticides. Tout simplement cruel et macabre. Si l’objectif n’est pas d’être uniquement dans le sensationnalisme, force est de constater que les choses n’ont pas beaucoup avancé, voire se sont empirées ces dernières années.
Parmi les fléaux à combattre pour contrecarrer cette machine infernale : l’obsolescence frénétique des idées et des produits ! Le débat autour des écotaxes notamment semble directement lié à cette question. Sur ce point-là, dans le sillon d’entreprises courageuses, on est tenu de s’en remettre aux dirigeants politiques. Difficile à croire mais pas impossible à faire changer, petit à petit.
Un chiffre (source : Greenpeace) en guise de préambule de ce paragraphe sur les – nombreuses – solutions qui s’offrent à nous : près de 7 vêtements sur 10 n’ont jamais été portés au cours des 12 derniers mois… Les solutions justement, quelles sont-elles ? En voici déjà trois :
- 1/ Prendre soin de sa garde-robe actuelle
- 2/ Se former à la couture pour repriser soi-même ses chaussettes et les poches de ses shorts (et le faire savoir autour de soi)
- 3/ Se poser la question avant d’acheter : en ai-je vraiment besoin ? En cas de promotion sur un article, “[faire] un pas de côté et [se] demande[r] si c’est le prix ou le produit qui [n]ous plaît le plus”. Faisons-en tous l’expérience la prochaine fois !
- 4/ Regarder si ce que l’on recherche (et non désire) existe d’occasion. Chaque achat neuf a une empreinte écologique non négligeable. La fabrication d’une robe en polyester c’est – toujours selon Greenpeace – une cinquantaine d’équivalent CO2 émis, soit autant qu’un trajet de 500km en voiture**. À ce titre, citons simplement un exemple de site web collaboratif dont le but consiste à se partager des bons plans “mode éthique locale” au plus grand nombre.
Et si l’on ne trouve pas le vêtement souhaité sur le marché de l’occasion et/ou que l’on a envie – pour une fois – de “se faire plaisir”, voici quelques exemples de marques de la mode engagées. Que l’on s’intéresse à une entité au rayonnement international (Karun Eyewear) ou à une PME intégrée (Les Hirondelles, Mont So) à l’économie sociale et solidaire à petite échelle, en passant par une structure de taille moyenne (Loom, Himalayan Made), il y en a pour tous les goûts et pour tous les usages. Le seul frein a priori : le prix. Toutefois, comme avancé un peu plus haut dans cet article, il vaut mieux acheter une fois un bon tee-shirt (à 69 €) que dix fois un tee-shirt de qualité médiocre et peu respectueux de l’environnement (à 6,90 €). De jolies idées de cadeaux en perspective…
Pour finir, parmi les autres actions et gestes du quotidien complémentaires à pérenniser pour s’habiller de la façon la plus écoresponsable, si nous devions en appliquer trois :
- Faire le tri dans sa garde-robe. Puis faire un vide-grenier, du troc, donner à des associations caritatives ou des bornes de collectes. Seul un gros tiers des vêtements partent actuellement dans les bacs de recyclage dédiés
- Utiliser une lessive écologique, sans oublier que l’on peut aussi fabriquer la sienne !
- Économiser l’énergie lorsque nous lavons nos vêtements : à basse température ; faire sécher ses vêtements à l’air libre, etc.
En conclusion, personne n’est irréprochable, même le·la plus impliqué·e des défenseurs des droits de l’homme, de la cause animale et de l’ensemble des écosystèmes naturels. Cependant, plus que jamais, il n’y a pas de petit geste. Libre à chacun de s’investir – ou non – dans une mode plus éco-responsable selon sa sensibilité, son temps libre disponible, son porte-monnaie, etc. En tout cas, les acteurs, réseaux et les occasions de changer existent et on ne peut plus se cacher derrière de pathétiques excuses. Ne reste plus alors qu’à espérer que les vêtements recyclés ou le “seconde main” deviendront rapidement à la mode puis la norme.
*”Semaine de la mode” qui se tient deux fois par an dans les principales capitales de la mode au niveau international.
**dans une voiture “récente”
SOURCES :
https://www.mariefrance.fr/mode/mode-responsable-10-conseils-se-mettre-a-mode-responsable-542251.html#item=1 https://www.greenpeace.fr/comment-opter-pour-une-mode-plus-ethique-et-responsable/
https://marion-detone.fr/mode-ecoresponsable-vs-mode-conventionnelle/
Assez d’accord avec cette article, j’ai pendant longtemps utilisé les appli comme Shine, Joom, etc… Vu le prix, j’achetai des nouveaux vêtements tous les mois, mais je me suis rendu compte début d’année du désastre écologique et humain que cela entraine. Depuis j’essaie de consommer moins, en achetant des vêtements de qualité, et intemporels afin de les garder le plus longtemps possible.
Merci pour votre article, je ne connaissais pas ce nouveau concept de fast-fashion. L’industrie de l’habillement devrait s’en inspirer.
Je suis entièrement d’accord avec la notion de slow fashion ! Depuis quelques années maintenant je préfère mettre plus cher dans des vêtements qui sont non seulement respectueux de l’environnement et des personnes, mais qui sont en plus de bien meilleure qualité.
Superbe article, peut-être qu’un jour les gens arrêteront de commander des produits de mauvaise qualité en boucle & en boucle… Qui sait…