A la découverte de Gandhi

Mahatma Gandhi pendant une prière à Bombay (Septembre 1944)

Il est des personnalités dont on entend souvent parler, sans pour autant connaître vraiment leur histoire. Parmi elles, il y a Gandhi. Ce que nous connaissons de ce grand homme se résume parfois sommairement au fait qu’il s’agisse d’un petit Indien (1m60) à lunettes, pas très épais, non-violent, et qui a fait de belles choses… oui, mais quoi au juste ?!

En me penchant sur la question, j’ai découvert que la philosophie et l’oeuvre du Mahatma (son surnom qui signifie grande âme) étaient autant de pistes de réflexion pour aborder les enjeux environnementaux et sociaux de notre temps.

L’histoire de Gandhi

Son enfance / son adolescence / ses études – Mohandas Karamchand Gandhi est né en 1869, dans le nord-ouest de l’Inde. Issu d’une famille aisée, sa mère lui inculque les valeurs hindouistes. Elle lui apprend aussi la tolérance vis à vis des autres religions : un terreau familial sans doute à l’origine de ses convictions morales. A 14 ans, le jeune homme se marie avec Kastourbaï, qui lui donnera 4 enfants. Père pour le première fois à tout juste 18 ans, Gandhi se destine alors à une carrière d’avocat et part étudier le droit en Angleterre. Suivant différentes expériences diététiques, c’est à cette période qu’il devient un végétarien convaincu.

De sa carrière à son engagement – après 3 ans d’études et son diplôme d’avocat en poche, Gandhi rentre au pays. Sa carrière ne décollant pas, il accepte une mission pour défendre les intérêts d’une société Indienne en Afrique du Sud. Il va alors découvrir l’injustice, en la vivant : voyageant de nuit dans le wagon première classe d’un train pour Prétoria, un employé lui ordonne de s’installer dans un fourgon alors qu’il a payé sa place au prix fort. Refusant d’obtempérer, il est jeté dehors par un policier. Cette forme de discrimination faite aux immigrés indiens dans le pays fera naître chez lui le goût de la protestation. En réaction, il convoque tous les indiens pour fédérer la communauté et faire évoluer leur condition. Il ignore alors que son indignation le fera passer plus de 20 ans en Afrique du Sud, et qu’elle se transformera en un véritable sacerdoce.

S’insurgeant contre une loi ségrégationniste qui oblige les immigrés Indiens à inscrire sur des listes pour mieux contrôler leurs activités, il encourage plus de 3000 personnes à désobéir et à explorer une forme de résistance passive, sans violence : il découvre alors l’enfermement, incarcéré pendant plusieurs mois. De cette expérience et de ses lectures (la désobéissance civile d’Henry David Thoreau) naît le livre Hind Swaraj, où Gandhi développe les théories du combat par la non-violence (la satyagraha = la force de la vérité, de l’amour). A cette époque, il fonde la ferme de Tolstoï (avec lequel il correspond), un espace communautaire où chacun travaille de ses mains : il est tour à tour boulanger, menuisier, artisan en sandales et mène une vie simple.

Sa première grande victoire – maintes fois arrêté, condamné, emprisonné, Gandhi continue malgré tout et avec fermeté son combat pacifique contre le loi anti-indienne. Fédérant de plus en plus d’immigrés, son insistance paiera. Grâce à son esprit de tolérance et d’ouverture, un climat propice à un accord se crée : en 1914, il signe avec le général Smuts (son principal opposant) un accord sur l’abrogation d’une majeure partie des lois raciales. Fort de ce succès, Gandhi quitte l’Afrique du Sud.

Le Ashram de Sabarmati fondé par GandhiSon retour au pays / sa popularité – alors connu pour son engagement en Afrique du Sud, Gandhi part à la découverte des régions et des habitants de l’Inde pendant 1 an, puis il établit un Âshram (sorte d’ermitage). S’encre alors sa volonté de libérer le pays de l’emprise Britannique via les principes du Swaraj : un mode de gouvernement par soi-même qui met l’accent sur la décentralisation politique.

Son premier jeûne – menant une vie des plus simples, Gandhi s’illustre rapidement pour ses prises de position dans différents conflits sociaux, en 1917 aux côtés des ouvriers cultivateurs d’indigo exploités par les propriétaires, puis aux côtés des grévistes tisserands mal payés : il réalise alors son premier jeûne pour marquer son soutien avec les plus petits, il en réalisera de nombreux autres au cours de son existence.

Ses grandes causes – pour accéder à l’indépendance et à l’autonomie de l’Inde, Gandhi cherche à rassembler les Indiens de toutes confessions religieuses (il prône le respect mutuel entre Indous et Musulmans) et veut réconcilier les différentes castes Indiennes. Il prend fait et cause de la catégorie sociale des intouchables, la tranche de la population la plus pauvre et dont les droits ne sons pas reconnus, et soutien l’amélioration de la condition féminine dans son pays.

Gandhi et son rouet : figure de la campagne du Khâdi, et emblème du drapeau IndienSes principaux faits – Homme d’action, Gandhi trouve une façon paradoxale de concrétiser sa volonté d’indépendance : il encourage les gens à ne rien faire pendant une journée, si ce n’est à manifester pacifiquement. Cette action appelée Hartal vise à faire cesser toute activité économique malgré l’interdiction pour paralyser le pays et à montrer l’unité du peuple. Les manifestations sont réprimées, un sentiment de révolte gagne le pays. Gandhi lance alors le mouvement du Khâdi : il brûle en public ses vêtements de confection anglaise pour revêtir un Dhotî indien (vêtement masculin traditionnel en coton) qu’il avait lui même tissé sur son rouet. Suivant ses incitations à l’holocauste de tissus anglais, le peuple l’imite et les prisons se remplissent.

Son action la plus connue – En 1930, Gandhi entreprend la marche du SEL pour dénoncer le monopole anglais sur la vente du sel et sur l’impôt prélevé : le monopole interdisant à tout Indien de récolter lui même du sel (même au plus pauvre). Cette action très ciblée s’inscrit pleinement dans la lutte pour l’indépendance engagée par Gandhi, en évitant d’organiser une manifestation trop généraliste, il réussit finalement son pari.

La marche du Sel effectuée par Gandhi en 1930 depuis son Ashram de Sabarmati et pendant un an

Pendant 350km, et au court de plus de vingt jours, le Mahatma réunit plus de 75 000 personnes au sein d’un cortège qu’il mène finalement sur les berges d’un fleuve. Là, il y ramasse du sel en guise de contestation, et déclare la guerre d’indépendance à l’empire Britannique : une guerre non-violente bien entendu. Il est imité dans tout le pays, et les prisons se remplissent.

Son retrait progressif de la vie politique – après avoir fait accepter par le Comité du Congrès (formation politique indienne pro-indépendance) son idée de donner un nouveau drapeau à l’Inde, Gandhi se retire progressivement de la vie politique au profit de Nehru (qui deviendra par la suite premier ministre). Le Mahatma échappe à une série d’attentats, sa volonté de cohésion entre les communautés lui valant l’inimitié des extrémistes hindous.

Le résultat d’une vie de combats – En 1937, le comité du congrès obtient une majorité écrasante au parlement indien. Malgré son retrait de la vie politique, Gandhi continue son action de désobéissance civile et ses jeûnes de protestation en faveur de la condition des Intouchables. En 1942, alors que le Japon menace d’envahir l’Inde, Gandhi exhorte les Britanniques à partir en lançant le mouvement « Quittez l’Inde ». Lui et sa femme sont emprisonnés : elle décédera en détention, lui sortira un an plus tard, alors âgé de 74 ans.

Scission de le colonie Britannique en deux nations : l'Inde et le Pakistan

En 1945, Churchill s’incline à la surprise de tous lors des élections générales Britanniques face à Clement Attlee qui entreprend de donner son indépendance à l’Inde. Mais tout n’ira pas selon le souhait de Gandhi : alors minoritaires en Inde, les musulmans conduits par Muhammad Ali Jinnah s’insurgent et demandent la création d’un état indépendant à majorité musulmane. Indous et Musulmans se déchirent, et les affrontements font des milliers de morts. Le 15 août 1947, Lord Mountbatten (nommé par le premier ministre Britannique) annonce l’indépendance de l’Inde, mais sa scission en deux nouvelles nations : l’Inde et le Pakistan.

Sa fin de vie mouvementée – Les tentions inter-ethniques sont au plus fort, les indous des zones pakistanaises doivent se réfugier en Inde, et les musulmans d’Inde sont incités à partir pour le Pakistan. Au milieu de cette confusion, Gandhi parcourt les campagnes dévastées par la violence pour appeler au respect mutuel. Il entreprend plusieurs jeûnes pour apaiser les conflits. Le 30 Janvier 1948 à New Delhi, au cours de ce qui sera sa dernière grève de la faim, Gandhi est assassiné par un hindou fanatique qui souhaitait venger ses frères pour les concessions du Mahatma envers les musulmans.

La pensée de Gandhi

Si Gandhi a été un des grands artisans de la libération de l’Inde vis à vis du colonialisme Britannique (et même élevé au titre de père de la nation), il a également donné naissance à une philosophie de vie et à un mode de pensée. Tour à tour homme d’action et homme politique, ce fût surtout un guide spirituel qui inspira et inspire encore les gens sur toute la planète.

Pour Gandhi, chacun par ses actions doit être le changement qu’il souhaite voir dans le monde. Mais ce changement ne peut se faire vraiment qu’en adoptant la voie de la non-violence, et en respectant et même en aimant ses adversaires qui recourent à la violence (concept de Satyagraha) – voir sa lettre à Hitler.

Par le respect du vivant et en adoptant un mode de vie simple, Gandhi n’a cessé de rechercher la vérité. Il poussera son raisonnement jusque dans la maîtrise des sens, en se confrontant à ses désirs et ses pulsions pour tendre vers la pureté spirituelle (concept de Brahmacharya).

Que reste t-il de la pensée de Gandhi ?

Si la vie de Gandhi a été adaptée à l’écran et a donné lieu à des films, la pensée de Gandhi s’est transmise tel un héritage à toute l’humanité : de nombreuses personnalités comme le Dalai Lama, Martin Luther King ou encre Nelson Mandela ont d’ailleurs été désignés comme les enfants spirituels de Gandhi. Au sein de son cercle de proches, le Mahatma a inspiré (entre autre) Nehru, premier ministre de l’Inde dès l’indépendance du pays, et sa fille Indira Nehru (marié à Feroze Gandhi, qui n’a aucun lien de parenté avec le Mahatma).

Aujourd’hui en Inde, les préceptes de Gandhi trouvent écho en la personne de Rajagopal Puthan Veetil, surnommé le nouveau Gandhi. A l’instar de la marche du Sel entreprise par Gandhi, Rajagopal a entamé ce qui se veut la plus grande marche non violente organisée dans l’histoire de l’humanité, avec comme point d’orgue une arrivée à New Dehli en Octobre 2012 et pas moins de 100 000 participants sur les 15 derniers jours. L’objectif de cette manifestation hors-normes étant d’unir les communautés autour d’une lutte non-violente pour garantir le droit à la terre des paysans et la préservation des ressources naturelles.

En quoi l’oeuvre de Gandhi peut-elle influencer la pensée écologiste ?

Cette question, je me la suis posée en découvrant l’une des citations si profondes du Mahatma : « Vivre simplement pour que simplement d’autres puissent vivre ». Cette maxime du siècle dernier me semble en phase avec celui que nous vivons; car dans un contexte où la démographie ne cesse de croître, la répartition des richesses et la préservation des ressources sont des enjeux majeurs du XXIème siècle… et Gandhi, plus que jamais, une source d’inspiration.

www.gandhiashram.org.in

Inspirations in terre actif et bharat – Photos indialumax – gandhimuseum – mkgandhi.org 
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