Zéro Prospectus : lettre ouverte de Culture Papier à Edouard Leclerc

Suite à notre article sur l’opération Zéro Prospectus lancée par l’enseigne de grande distribution E.Leclerc, nous diffusons en complément le contenu de la lettre ouverte adressée en réponse par l’association Culture Papier.

Monsieur le Président,

J’ai pris connaissance de votre campagne nationale « 2020: ZERO PROSPECTUS » dans laquelle vous proposez notamment la suppression définitive des prospectus papier en 2020 distribués en boîte aux lettres.

Vous avez invoqué plusieurs motifs pour justifier cette opération : votre engagement dans la protection de l’environnement, dans la défense du pouvoir d’achat et dans le tout dématérialisé. Au nom de l’association Culture Papier, créée pour promouvoir les usages responsables du papier et de l’imprimé et que j’ai l’honneur de présider, nous nous réjouissons de vos engagements responsables mais, tels qu’ils sont développés dans votre campagne, les inexactitudes et paradoxes qu’ils impliquent nous amènent à nous interroger aujourd’hui.

En effet, malgré ces ambitions aussi vertes et vertueuses soient-elles (l’éco-conception des prospectus, leur recyclage lorsqu’ils sont rapportés en magasin, ainsi que le changement de comportements des citoyens), nous sommes stupéfaits de constater qu’un certain nombre d’idées simplistes sur le papier et sur l’imprimé publicitaire subsistent encore, constituant même les arguments fondateurs de la globalité de votre démarche de « consommation plus responsable auprès de vos clients ».

Je souhaite donc, tout d’abord, rétablir quelques vérités sur le papier et son mode de fabrication, car la persistance et la récurrence des arguments qui sont véhiculés dans votre campagne nuisent à l’établissement d’une information juste à laquelle les consommateurs ont droit, et sur laquelle ils doivent pouvoir compter pour exercer leurs choix.

  • Le papier contribue à la préservation des forêts en France et en Europe : 500 000 hectares supplémentaires de forêts en France depuis 10 ans (source : ADEME 2008).
  • Le papier est le seul support issu de ressources renouvelables, biodégradables et recyclables jusqu’à 5 fois. C’est également la matière la mieux recyclée en France ; 60% des papiers cartons sont recyclés en France. (Source : COPACEL 2006).
  • La filière du papier et de l’imprimé est en pointe dans l’engagement environnemental avec une réduction de 80% des rejets dans l’eau en 20 ans de la part des papetiers, grâce aux investissements réalisés par cette filière dans des procédés industriels moins polluants (Source ADEME 2006).
  • L’imprimé publicitaire et le catalogue sont des médias responsables, tant il est vrai que la filière graphique s’est mobilisée pour améliorer l’éco-conception des supports et des campagnes publicitaires.

Par ailleurs, si le consommateur souhaite recevoir dans sa boîte aux lettres ses prospectus, ce n’est pas sans raisons comme le montrent différentes études réalisées par l’ADEME (Source Ernst&Young) et TNS SOFRES.

  • L’imprimé publicitaire dispose de qualités intrinsèques qui font de ce média un outil de communication efficace et apprécié de ses destinataires? Son caractère tangible offre en effet aux consommateurs la possibilité d’une conservation des informations, la possibilité de relire et de les faire circuler au sein du foyer, possibilités qui sont sans égal dans la panoplie des vecteurs d’information de proximité disponibles.
  • Les Français marquent d’ailleurs régulièrement leur attachement à ce média. Comme le monter une étude TNS Sofres à laquelle vous faites référence : 92 % des Français les lisent ou parcourent les imprimés publicitaires. 75 % des individus ont déclaré s’être déplacés en magasins dès réception d’imprimés publicitaires.
  • De plus, l’imprimé publicitaire favorise le pouvoir d’achat du consommateur : toujours à la recherche d’informations, il peut ainsi évaluer les offres, prendre connaissance des promotions, comparer les prix, consommer de manière plus responsable…

C’est cet attachement des consommateurs aux imprimés reçus en boîte aux lettres qui explique que seuls 8% d’entre eux (source ADEME 2009) aient apposé l’autocollant STOP PUB sur leurs boîtes aux lettres, alors que 9 millions d’autocollants ont été diffusés lors des campagnes nationales du MEEDDAT en 2004 et 2006, que cet autocollant est disponible auprès de toutes les collectivités locales et que chacun peut même le concevoir à sa guise.

Enfin, votre campagne fait la part belle à une communication totalement dématérialisée, sous-entendant qu’elle serait plus pratique et moins polluante.

Pour votre information, les nouvelles technologies de l’information et de la communication représentent 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2010, soit l’équivalent du trafic aérien mondial. Cette pollution continuera d’augmenter pour atteindre 3% en 2020 (source Gartner). La dématérialisation non contrôlée est donc source de nombreux impacts sur l’environnement: l’utilisation de ressources non renouvelables, recyclages des unités fonctionnelles, production de déchets toxiques, …

Vous aurez sans aucun doute constaté, comme nous, l’impossibilité d’apposer un « stop e-pub » sur nos boîtes mails alors que nous sommes particulièrement agressés par les spams publicitaires.

Vous l’aurez compris, notre intention est de vous amener à considérer que le papier, loin d’être opposable au numérique, présente des atouts incontestables et irremplaçables en matière de communication de proximité, en soutien d’une politique de relation client forte, et que contrairement aux idées reçues la fabrication, l’exploitation et la consommation de cette matière première peut s’exerce de manière parfaitement respectueuse et respectable.

La communication est par nature multi-supports, multi-média et multi-canal. Opposer les médias les uns aux autres, chacun le sait et en tout premier lieu le grand professionnel de la communication que vous êtes, n’a donc aucun sens car c’est dans le mix média que chaque annonceur trouve les optimisations d’impact et d’efficacité.

Nous avons constaté, comme de très nombreux observateur, que votre entreprise n’était positionnée qu’à la 33ème place du classement PAP 50 réalisé par le WWF (politique papier de 50 grands groupes français de mars à juin 2010). Nous sommes naturellement à votre disposition pour vous permettre de progresser dans ce classement, au moyen de décisions justes et fondées.

C’est pour toutes ces raisons, à la fois écologiques, économiques, sociales et sociétales, que je vous propose une rencontre au cours de laquelle nous pourrons débattre de ces sujets avec vous et vos collaborateurs, et ainsi vous apporter toutes les informations utiles. Nous nous permettons donc de contacter à cet effet votre secrétariat, pour convenir ensemble des dates et modalités de cette rencontre.

Laurent de Gaulle
Président de l’association Culture Papier

About the author
Community Manager de l'imprimerie Villière (imprimerie écologique).

5 Comments

  1. En réponse à Monsieur Gaulle,

    Cher Monsieur,

    En totale indépendance vis-à-vis de la décision de Monsieur Leclerc d’arrêter la diffusion de publicité en courrier non adressé, communément appelé « prospectus ».
    Je souhaite relever à mon tour l’inexactitude de vos propos dans votre réponse et soulever les raccourcis qui trompent vos lecteurs.

    – La surface des forêts progresse en France, vous avez raison, mais contrairement à ce que vous dites, mais on ne peut attribuer à l’industrie du papier ce résultat qui ressemble à une performance environnementale sans en être une.

    – Le papier se recycle, oui, à quel prix énergétique et associé à quelle consommation d’eau. Oseriez-vous simplement le dire? La véritable économie se trouve là où l’on ne gaspille pas une ressource. D’autant plus lorsque l’on regarde la dévaluation du prix du papier dans le secteur du recyclage. Nous avons atteint la limite où le contribuable va devoir payer pour que vous acceptiez son papier usagé, est-ce cela l’avenir du recyclage. Je le répète, la véritable économie se trouve là où l’on ne gaspille pas une ressource.

    – La filière du papier et de l’imprimé est en pointe dans l’engagement environnemental avec une réduction de 80% des rejets dans l’eau en 20 ans, en effet l’industrie du papier était l’un des secteurs les plus polluant et pendant des années elle a rejeté des agents chimiques de type métaux lourds et solvants chlorés dans des quantités pharaoniques à tel point que certains cours d’eau en subissent encore les effets.

    – L’imprimé publicitaire de qualité intrinsèque, pour les industriels uniquement! En effet, le contribuable le paie deux fois. Il paie la promotion des produits lors de leur achat en supermarché, bravo le marketing. Mais aujourd’hui, le prospectus lu ou non lu fini dans sa poubelle. Même recyclé, 40kg reçu par foyer chaque année coûtera environ 6 euros pour être « recyclé ». Rassurons-nous ceci est prélevé dans nos impôts locaux!!!

    Et vous dites maintenant qu’il valorise le pouvoir d’achat? Le vôtre certainement mais pas celui de ceux à qui vous vous adressez.

    Je vous invite donc tous à n’incriminer aucune industrie, cela ne sert à rien, mais bien à éviter à tout prix les gaspillages de tout type. Concernant le papier, l’imprimé publicitaire est l’apogée de tout ce que vous pouvez imaginer en matière de gaspillage. Les forêts n’ont qu’à bien se tenir!

    Monsieur Alexandre
    Responsable de l’Opération STOP PUB
    http://www.stoppub.fr

  2. Ah ah je pense que la remarque des « seulement 8% de STOP PUB » n’a pas plus à certains.

    Merci pour vos 2 contributions.

  3. Bravo à la réponse apportée à Leclerc par monsieur de Gaulle !

    Je suis POUR le prospectus et ce pour de nombreuses raisons :
    En effet, comment comparer demain sur un écran d’ordinateur les différentes promos de ces grandes surfaces de manière efficace ? Elles ne sont pas prêtes de nous communiquer des fichiers Excel que l’on pourra croiser entre eux afin de dénicher la meilleure promo. Je ne parle même pas de consulter un catalogue sur un smartphone…. on sombre dans le ridicule !!!!! Tout le monde n’a pas internet, encore moins de smartphone.

    Le vrai intérêt de tout cela, c’est d’améliorer le résultat de Leclerc grâce à cette formidable idée de sauver la planète !!! Je le démontre, au travers des éléments apportés par Leclerc, Laurent de Gaulle et Monsieur Alexandre :

    Laurent de Gaulle
    » L’imprimé publicitaire et le catalogue sont des médias responsables, tant il est vrai que la filière graphique s’est mobilisée pour améliorer l’éco-conception des supports et des campagnes publicitaires.
    Monsieur Alexandre
    >> L’imprimé publicitaire de qualité intrinsèque, pour les industriels uniquement! En effet, le contribuable le paie deux fois. Il paie la promotion des produits lors de leur achat en supermarché, bravo le marketing. Mais aujourd’hui, le prospectus lu ou non lu fini dans sa poubelle. Même recyclé, 40kg reçu par foyer chaque année coûtera environ 6 euros pour être « recyclé ». Rassurons-nous ceci est prélevé dans nos impôts locaux!!!
    Leclerc :
    >> Pour les consommateurs n’ayant pas encore accès à un smartphone, E.Leclerc incite ses clients à rapporter les prospectus papier en magasin afin de les collecter et de les recycler pour limiter leur impact environnemental.

    Je doute fort que Leclerc soit philanthrope et prêt à payer pour recycler les papiers rapportés dans ses enseignes,car en poussant le raisonnement à l’absurde imaginons que l’intégralité des papiers triés soit rapportée chez Leclerc… plus d’impôts pour nous contribuables pour ce retraitement puisque nous ne donnons plus rien à ces sociétés de collecte de déchets. Disons donc plutôt que ce sera une nouvelle source de revenus pour Leclerc.

    Diffuser des catalogues de promotions qui ne seront finalement pas ou peu consultables donnera encore moins de visibilité aux consommateurs dans cette société régie par la soif des profits et augmentera la latitude d’action des distributeurs, des sociétés d’agroalimentaire et autres…

    N’oublions pas les campagnes françaises, surtout celles qui produisent nos fruits, légumes, et viandes que l’on ne peut même plus s’offrir tant ils sont chers dans les étales de ces chères grandes surfaces qui les achètent une misère à ces producteurs de plus en plus contraints à se reconvertir de par les difficultés économiques qu’ils rencontrent.

    N’oublions pas les campagnes françaises où internet n’arrive qu’à la vitesse de l’escargot voir pas du tout car tout le monde n’habite pas en ville et n’a pas de haut débit digne de ce nom. En effet les FAI ne souhaitent pas installer des lignes sans retour sur investissement rapide.

    Restons sur des choses simples, le papier en est une :
    Pas besoin d’internet ou d’accès à un quelconque système de communication ultra moderne, ni même d’électricité pour le consulter.
    Le papier contribue à l’économie nationale en générant des emplois dans de nombreuses filières contrairement à ces activités informatiques qui dématérialisent les choses et surtout délocalisent la création vers de nombreux pays en main d’œuvre meilleure marché.
    L’écocitoyenneté doit se développer d’accord. Pour cela, travaillons sur l’amélioration des supports existants à tous niveaux : moins de papiers oui, plus de papier non !!

    Exemple de catalogue Leclerc du 27 octobre au 06 novembre : 6 pages format A4 avec 1 produit par page !!! Marketing allez vous dire, oui, mais vraiment pas responsable.
    Ainsi, j’irai jusqu’à dire que c’est l’hôpital qui se fout de la charité !

  4. Bonjour,

    Je me permets de poser cette question à l’anonyme qui défend le prospectus?

    « En quoi mes propos repris dans votre réponse sont censés rassurer les lecteurs ? »

    Vous ne trouvez pas cela scandaleux que l’économie actuelle soit une économie du profit? On ne fait rien sans profit. La publicité est bien la promotion de produits de consommation. Par ce biais, elle rapporte déjà aux industriels par les retombées économiques liés à la vente de ces produits. Comment se fait-il que ce soit aux particuliers de financer la plus grosse partie des coûts générés par le support publicitaire tout au long de son cycle de vie?

    Je ne parle pas d’être « pour » ou « contre » l’industrie du papier, mais d’être « pour » ou « contre » cette aberration économique.

    Dans ce cas, allons ensemble jusqu’au bout des choses, pourquoi ne pas faire payer un droit d’entrer pour les clients lorsqu’ils se rendent au supermarché? C’est le même raisonnement.

    En cette semaine si particulière où de nombreuses associations et collectivités militent sur le thème de la réduction des déchets… j’invite plus que jamais à participer à l’opération STOP PUB.

    Plus qu’une action écologique, c’est une action de développement durable… en effet elle prend aussi en compte des données économiques et sociétales durables visant à nous orienter vers une économie plus HUMAINE.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Inscrivez vous à la newsletter de l'Éco-Blog !

Inscrivez vous à la newsletter de l'Éco-Blog !

Un condensé de toute l'actualité écologique dans votre boîte mail, gratuitement.

Merci de votre inscription ! Un email de confirmation vient de vous être envoyé.