Consommation débridée : quelle solution pour notre économie ?

A la veille du jour de l’an, j’évoquais mon écœurement face à la sur-consommation et à un système aliénant incitant les gens à consommer toujours plus : un mécanisme pervers dans lequel certains s’enferment sans pourtant y prendre de plaisir, ni y trouver de raison. J’avais même avancé l’idée qu’une campagne d’éducation à la consommation raisonnée (ou responsable) devrait être menée par les pouvoirs publics pour enrailler ce phénomène inquiétant… et vous m’aviez à juste titre répondu qu’il n’était pas dans l’intérêt de notre ministre de l’économie de faire l’impasse sur la TVA appliquée aux produits ainsi commercialisés.

J’ai voulu pousser ma réflexion plus loin et entrevoir les conséquences de nos actions, sans aucune prétention puisque je ne suis pas économiste et sans vouloir jouer les redresseurs de tort, mais en essayant d’apporter un peu d’eau (claire) à cette tourbière.

En fait je tiens un exemple qui pourrait étayer ma vision des choses. Il y a quelques années, des producteurs de vin français ont eu la bonne idée de lancer une campagne publicitaire pour re-booster leurs ventes : le slogan disait en substance « buvez moins, mais buvez mieux » (sous-entendu, du meilleur vin). L’effet a été assez important pour démocratiser l’achat de meilleures bouteilles, et aujourd’hui, même les néophytes en œnologie savent se faire plaisir.

Si l’on applique ce principe à notre façon de consommer, moins mais mieux, il faut alors identifier les bons produits des moins bons. Et là, on pense immédiatement aux produits bas de gamme importés d’Asie : où quand low-cost rime avec qualité basse et faible durée de vie.

Opération pétrole contre nourriture terminée

Si dans un premier temps nous nous contentions de faire produire en Chine, s’était sans compter sur la capacité des pays asiatiques à reproduire, et à assimiler technique et savoir-faire.

Aujourd’hui, la Chine n’est plus seulement l’usine du monde, c’est devenu un vivier pour l’innovation et la création en passe de supplanter l’Europe (si ce n’est déjà fait).

Importation et sur-consommation : bourbier économique ?

Consommer plus de produits importés que l’on en fabrique sur son territoire (et que l’on en exporte) ne favorise pas franchement l’économie d’un pays : ce modèle ne fonctionne pas en France, j’en veux pour preuve les chiffres de la dette publique (qui n’est soit dit en passant ni plus ni moins qu’un crédit à la consommation), ceux de la croissance et du PIB qu’y ne sont guère plus hauts que Ground Zero, et celui de l’inflation qui ignore tout de la pesanteur.

Patrimoine en sursis

Notre bilan économique n’est pas folichon (tout comme celui de la zone Euro), mais le patrimoine de la République (châteaux, appartements, villas, œuvres d’art…) est encore une garantie assez solide pour rembourser notre empreint au cas où nous ne parvenions pas à relever la tête ! Mais ce n’est pas un puis sans fond, et l’on ne peut pas laisser se consumer ainsi ce que notre nation a acquis sur plusieurs siècles d’histoire.

Va chercher le défibrillateur Simone !

C’est n’est pas d’un sursaut dont nous avons besoin, mais d’un électrochoc ! La solution à mon sens n’est pas de s’aligner sur la concurrence et de tout niveler vers le bas (charges, salaires, prix, qualité,…) car c’est une course perdue d’avance.

Ce qu’il faut, c’est faire évoluer la demande et susciter un besoin différent au consommateur : celui d’une consommation plus responsable où tout le monde gagne sa vie, où le prix n’est plus ce facteur exclusif conditionnant l’acte d’achat, et où l’on achète un produit pour son utilité, sa qualité et sa robustesse. UTOPIE !!! Et pourquoi serait-ce une utopie ?

Faut-il croire au come-back du Made In France ?

Un produit de bonne facture en somme… voyons ??? La réponse est pourtant sous nos yeux, du matin jusqu’au soir. Quand on boit un jus de fruit le matin, quand on déjeune au restaurant d’entreprise ou à la cantine à midi, quand on dîne chez maman, ou qu’on passe prendre l’apéro chez des amis, là… ne vois-tu pas ? Le nez plongé dans un gobelet Duralex, ne vois-tu toujours pas ce que ce petit objet te dit depuis des années, ce qui est inscrit dans le fond de ton verre, véritable morceau de notre patrimoine commun ! Là, au creux de ta main : MADE IN FRANCE !!

Oui, je crois encore à la qualité française, elle n’est pas morte malgré ce qu’on lui met dans les dents ! Et que dire du potentiel d’une consommation plus locale en terme d’emploi et en matière d’économie ?!

Après la crise que nous semblons avoir la traversée et la reprise dont nous sentons les premiers effets, une tendance semble d’ailleurs émerger : celle de la relocalisation. Rossignol, Geneviève Lethu, Le Coq Sportif ont rapatrié une partie de leur production, et le phénomène gagne tous les milieux : même les vendeurs de cannabis s’y mettent !!

Quatre facteurs peuvent contribuer à un hypothétique retour du Made In France :

  • Le besoin de maîtriser la qualité de ses produits (proximité, savoir-faire, compétences…).
  • Le besoin de livrer toujours plus rapidement. Le JIT (just in time ou juste à temps) est une méthode qui ne laisse plus la place à l’erreur. La concurrence impose de travailler à flux tendus pour respecter les délais et le transport (notamment la distance) est parfois un frein pour remporter de nouveaux marchés. La proximité est donc un atout, mais qui pose un autre problème, celui d’avoir du stock (coût élevé) ou un approvisionnement en matières premières optimisé.
  • Le besoin de satisfaire les (nouvelles) attentes consommateur en matière d’environnement et d’émissions de co2 (transport, gestion des déchets, contrôles…).
  • Les incitations gouvernementales. Même si les emplois créés ne remplaceront jamais ceux qui ont disparu, la volonté de créer de l’emploi peut être une motivation suffisante pour qu’un état tire un peu la couverture à lui.

Cette tendance ouvre peut-être la voie à une production plus locale, peut-être entrons-nous sans le savoir dans une nouvelle ère : celle de la démondialisation !

Protectionnisme ??

La croissance Chinoise est la conséquence inéluctable, inextricable, de notre boulimie consommatrice. En Asie, la multiplication des entreprises et l’arrivée de nouveaux capitaux a eu pour effet d’élever le pouvoir d’achat de la population qui consomment aujourd’hui des produits fabriqués dans ces pays : ou quand le pays fait vivre l’économie du pays.

Relocalisation, consommation plus responsable, produits Made In France… s’agit-il de protectionnisme ? Et bien, si quelqu’un peut m’apporter assez d’arguments pour me prouver qu’une autre solution existe, je suis prêts à le concéder. Dans le cas contraire, on ne pourrait qualifier cette réaction que de raison d’état et encourager notre gouvernement à mener une campagne de sensibilisation pour une consommation plus responsable.

Toutefois, il est parfois bon de nuancer ses propos et de ne pas radicaliser les choses. Aussi, je pense que la solution ne peut-être exclusivement locale ou nationale, et que, nous concernant, elle se joue à l’échelle de l’Europe. En agissant de concert, les pays européens devraient être en mesure de mieux servir nos intérêts communs… mais cela est une autre histoire !!

A lire également : Pour un « imprimé made in France » // Relocalisation et environnement // La fin du rêve américain ?

About the author
Community Manager de l'imprimerie Villière (imprimerie écologique).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Inscrivez vous à la newsletter de l'Éco-Blog !

Inscrivez vous à la newsletter de l'Éco-Blog !

Un condensé de toute l'actualité écologique dans votre boîte mail, gratuitement.

Merci de votre inscription ! Un email de confirmation vient de vous être envoyé.