Particules fines : ne vous laissez pas enfumer !

© Evan Bench
© Evan Bench

Le 20 mars dernier, les seuils acceptables de pollution aux particules fines ont été largement dépassés. Pourtant les mesures de limitation de la circulation prises en île de France en ont fait ricaner plus d’un. Avaient-ils vraiment des raisons de se moquer ? Vous ne pouvez pas être passé à côté, le mois de mars a été particulièrement alarmant en termes de pollution atmosphérique en France. Le seuil d’alerte national de 80µg/m3 de pollution aux particules fines a été dépassé en Île-de-France, entraînant une restriction de la circulation aux seuls véhicules immatriculés pair.

Cet épisode de pollution a également touché le Nord-Pas de-Calais, la Picardie, Champagne-Ardennes, le Centre, la Bourgogne et même Rhône-Alpes. Cette pollution a également concerné une grande partie de l’Europe du Nord. Et vous avez peut-être entendu ici et là des voix, plus ou moins sérieuses accuser les Allemands d’être responsables de cette pollution, tandis que d’autres se révoltaient contre une limitation de la circulation attentatoire aux libertés et purement symbolique, puisque, selon eux, inutile.

Les fameuses centrales à charbon de ces voisins allemands qui ont le mauvais goût de sortir peu à peu du nucléaire étaient en effet pointées du doigt comme principales responsables de la déplorable qualité de l’air français. Sauf que… Sauf que les choses sont moins simples que certains (les tenants du nucléaire) voudraient nous le faire croire : En réalité les principaux responsables sont au nombre de trois : les transports, l’agriculture, et … le printemps. On vous explique.

Les responsables en chiffre

Pollution aux particules fines mars 2015 ©Prev'air
Pollution aux particules fines mars 2015 ©Prev’air

Sur le site de PREV’AIR— la plate-forme nationale de prévision de la qualité de l’air — on trouve des éléments d’interprétation très intéressants pour la journée du 20 mars, jour du pic de pollution. En fait, ce sont des conditions météorologiques particulières qui ont créé les conditions optimales de formation et de concentration de particules fines toxiques. Des températures matinales encore basses, associées à une absence de vent, ont favorisé la formation de couches d’inversion, des couches d’atmosphère qui bloquent les polluants au sol.

Ces polluants étaient par ordre croissant :

11% Combustion de fuel fossile. Des particules émises suite à la combustion des dérivés du pétrole, chauffage au fioul et transports.

11% Sulfate d’ammonium. C’est un composé secondaire formé à partir d’ammoniac et de dioxyde de soufre émis par l’industrie manufacturière et la transformation d’énergie.

12% Particules organiques secondaires. Des particules fines composées de matières organiques générées dans l’atmosphère à partir de précurseurs gazeux comme les Composés Organiques Volatiles.

15% Combustion de biomasse. Oui, le fameux chauffage au bois, mais aussi la combustion des déchets verts. Et, dernier mais non des moindres…

51% Nitrate d’ammonium. C’est un composé secondaire créé par la rencontre de l’ammoniac et de l’oxyde d’azote. Or l’ammoniac est principalement émis par les activités agricoles, tandis que l’oxyde d’azote est principalement émis par les transports.
En conclusion, ce sont l’agriculture — principalement l’épandage d’engrais azotés, intensifié dans toute l’Europe de l’Ouest au printemps — ainsi que les transports, qui, associés à une météo particulière au début du printemps, sont les principaux responsables de cet épisode de pollution.

D’ailleurs mars 2014 avait également connu un épisode de pollution exceptionnel tout à fait équivalent. Bien sûr avec plus d’agriculture bio et plus de véhicules électriques, les choses iraient sans doute mieux, mais il ne faut pas rêver ! En mars 2016, si rien ne change et si les conditions météo sont les mêmes, on connaîtra très probablement un épisode de pollution similaire. Et il faudra s’habituer à ce que la « pollution exceptionnelle aux particules fines » devienne le ‘marronnier’ du mois de mars dans les médias…

Photo : © Evan Bench Creative commons

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