Un projet de transport en commun alternatif vers Annecy : le FIL !

Un câble, des montagnes, la Haute-Savoie. Votre esprit vagabonde déjà sur des pentes enneigées, et recréant l’ambiance d’une matinée au ski, vous quittez vos spatules pour vous attabler devant une tartiflette… mais désolé les amis car nous n’allons pas causer ski aujourd’hui, pas plus que de gastronomie Savoyarde.

S’il est bien question de télécabines, ce sont celles du projet FIL porté par Gilles Goddet, et par d’autres citoyens du Bassin Annécien. L’éco-blog lui donne la parole pour qu’il nous parle de cette première de cordée !

Bonjour Gilles. Qui es-tu, et qu’est-ce que le FIL ?

Gilles Goddet : J’ai 50 ans, j’ai suis chef d’entreprise et je préside l’association de défense de l’environnement Age21 sur le territoire de la communauté de communes Fier et Usses au Nord-Ouest d’Annecy.

Pour solutionner une partie des problèmes de circulation sur la RD1508 entre notre communauté de communes et l’agglomération d’Annecy, nous proposons, avec le soutien de la Confédération Syndicale des Familles (CSF74), la création d’une ligne de transport par câble (télécabines) pour relier les deux collectivités. Le projet FIL, c’est son nom, permettrait d’offrir une alternative à la voiture aux habitants du bassin d’Annecy. C’est une autre façon de se déplacer.

Quelles zones géographiques sont concernées ?

Gilles Goddet : Cette ligne irait de l’entrée Nord de la Balme de Sillingy jusqu’à la gare d’Annecy ou (et) à la gare de Pringy. Elle serait composée de plusieurs gares intermédiaires avec parking relais, pistes cyclables…

Si l’axe Rumilly – Annecy – Groisy dispose d’une route, d’une autoroute et d’une voie ferrée, le secteur La Balme de Sillingy – Annecy – Faverges est desservi uniquement par la RD1508. Il est temps de corriger cette anomalie et d’en profiter pour passer à l’ère de l’après pétrole.

Quel est le bénéfice environnemental du FIL ?

Gilles Goddet : Le premier bénéfice environnemental du FIL c’est qu’il laisse toute sa place à la nature. Pas de tunnel, de ponts, de démolition, respect des zones protégées ou agricoles. Et puis si demain on trouve un transport encore plus performant, on démonte la ligne et il n’y aura aucune trace de son existence dans l’environnement.

Le FIL, c’est zéro CO2 et zéro pollution (bruits, gaz, accident…). La voiture, c’est 4 262 morts en 2009 (source Sécurité Routière), et environ 10 000 décès relatifs à la pollution (estimation AFSEE pour la France, la Suisse et l’Autriche). Le FIL c’est le bien être de pouvoir se déplacer sans bruit et sans stress.

Et vis à vis d’autres moyens de transport (bus…) ?

Gilles Goddet : le transport collectif permet de réduire la place de la voiture dans nos sociétés. Mais faut-il encore qu’il soit utilisé.

Le bus à l’avantage d’avoir des arrêts rapprochés mais il a des passages espacés à ces mêmes arrêts. Si un usager à le choix entre prendre sa voiture disponible à souhait ou un bus qui passe toutes les 20 ou 30 minutes, il choisira le plus souvent sa voiture. Avec le FIL il ne pourra pas prétexter l’attente puisque les télécabines passent environ toutes les minutes en gare.

Autre inconvénient, un bus circulant à vide ou presque consomme beaucoup d’énergie : ce qui n’est pas le cas du FIL. à l’heure du futur pic pétrolier, cette considération prendra toute son importance.

Je ne compare pas le FIL avec les autres moyens de transport type tramway car il faut une agglomération d’environ 300 000 habitants pour le rentabiliser.

Quels sont les avantages du FIL ?

Gilles Goddet : le FIL, c’est le transport :

  • le plus économe en énergie, et de loin.
  • le moins cher à construire, à exploiter et à maintenir.
  • le plus silencieux.
  • le plus rapide à mettre en œuvre (environ un an de travaux).
  • pas d’attente en gare avec une télécabine par minute environ.
  • pas d’émission de pollution et de CO2.
  • un temps de parcours inchangé même en cas de pluie, neige ou verglas.
  • le seul vrai site propre.
  • accessible à tous : piétons, handicapés, vélo…
  • du lien social.

Et les inconvénients ?

Gilles Goddet : les détracteurs du transport par câble parlent de pollution visuelle avec les pylônes et les télécabines. Ce n’est peut-être pas très beau, encore que l’esthétisme des cabines et des pylônes peut être amélioré… quant aux files de voitures, elles ne sont pas franchement sexy : bouchon, bruit, pollution, accident de la route…

Avec le câble, on est obligé d’aller tout droit. Il est vrai que ça peut être considéré comme une difficulté. Il faut donc prévoir des gares pour changer de direction. Cela tombe bien puisque nous souhaitons avoir plusieurs stations dans le projet FIL. C’est le choix de leur emplacement qui devra être stratégique.

Droit de vue : les riverains qui seront survolés par les télécabines ont peur d’être vu dans leur espace privé. La vitesse de déplacement des télécabines fait que le regard des passagers se porte naturellement sur le lointain. D’autre part, les télécabines peuvent être équipées de vitres opaques jusqu’à une certaine hauteur ainsi les passagers ne verront pas les propriétés situées en dessous. En milieu urbain les immeubles sont si proches que les habitants peuvent se voir d’un appartement à l’autre… et personne n’y fait plus attention.

Où en est le projet, les élus sont-ils réceptifs ?

Gilles Goddet : Nous avons rencontré beaucoup d’élus pour leur présenter le concept. Le Président du Conseil Général, Christian Monteil, Bernard Accoyer et Lionel Tardy les députés, Jean Luc Rigaut et tous les maires concernés par le projet FIL. Aucun n’a réellement fermé la porte.

Les Maires de La Balme de Sillingy, Sillingy et Meythet sont favorables à cette idée. Le projet se fera s’il reçoit une très forte adhésion populaire.

Quel est le coût du projet FIL, comment le financer ?

Gilles Goddet : Le coût d’un tel projet dépendra essentiellement du nombre de gares et du système utilisé (avec un ou plusieurs câbles). Les chiffres sont de l’ordre de 5 à 7 millions d’euros du km pour réaliser une ligne. A comparer au tram de Nice par exemple qui a coûté 60 millions d’euros du km. Autre comparatif, la déviation de Thonon les Bains est revenue à 137 millions… pour 8 km !

Pour le financement : vu les atouts environnementaux du FIL, il paraît certain d’obtenir des financements européens. L’état, la région, le département devraient également s’engager avec pourquoi pas un partenariat public / privé.

Comment réagit la population ?

Gilles Goddet : Nous sommes agréablement surpris par l’accueil majoritairement favorable fait au FIL. La plupart des personnes sont tout d’abord étonnées par l’idée, puis elles sont séduites par un ou plusieurs avantages. Notre démarche est donc d’informer le plus grand nombre d’habitants du bassin d’Annecy afin qu’ils sachent qu’une autre solution existe pour résoudre les problèmes de déplacement.

On peut dire qu’une majorité approuve mais ce n’est pas, aujourd’hui, la préoccupation principale des habitants. Et pourtant…

Est-ce un mode de transport sûr (usure, vent, panne électrique, promiscuité en cabine…) ?

Gilles Goddet : le câble est le mode de transport le plus sûr. On parle de quelques blessés sur tout le réseau mondial. Côté vent, les installations supportent des vents de l’ordre de 100km/h. En cas de panne électrique, si ce n’est pas réparé rapidement un moteur de secours (diesel) remet en route l’installation pour rapatrié les passagers en gare. La promiscuité en cabine est ni plus ni moins gênante que dans n’importe quel transport en commun. Des caméras peuvent être installées pour surveiller le bien être de tous les usagers.

Y-a t-il d’autres projets de câble en fonctionnement ?

Gilles Goddet : Medellín en Colombie est sans doute la ville référence aujourd’hui pour le transport par câble. Plusieurs lignes ont été crées et sont reliées au métro de la ville. Partout où on en installe, Medellin mais aussi Constantine, Taipei, Caracas… c’est un succès en terme de fréquentation et de fonctionnement.

Quel message aimerais-tu faire passer aux lecteurs ?

Gilles Goddet : Les ressources de la planète sont limitées. Nous sommes plus de 6 milliards aujourd’hui et nous serons environ 9 milliards en 2050. Pour continuer à vivre en paix, il est évident que nous devons revoir globalement nos comportements et réduire nos atteintes à l’environnement. Le FIL, c’est sans doute, localement, le début du nouveau chemin que nous allons devoir emprunter pour anticiper cette mutation et entrer dans l’ère de la sobriété énergétique.

Nos élus, c’est nous. Si nous voulons être entendu, il faut se mobiliser : vous, votre famille et vos amis pour soutenir le FIL. Pour cela, rendez vous sur notre site internet www.lefil-lautrevoie.fr et exprimez votre accord en votant pour le FIL sur la page d’accueil. Tout le monde vote, petits et grands, nous avons besoin du plus grand nombre et n’attendons pas qu’on décide pour nous.

J’aimerais que tous les jeunes d’Annecy et des environs soient les boosters du FIL, qu’ils se l’approprient à leur manière. L’agglomération d’Annecy, c’est 150 000 habitants. Si nous arrivions à rassembler des milliers de supporters sur le site, ce serait une superbe démarche collective qui ne pourrait pas laisser insensible les décideurs.

L’éco-blog : Merci Gilles pour nous avoir fait découvrir ce projet de transport alternatif, en espérant que tu sauras faire avancer le FIL à Annecy, satisfaire riverains et voyageurs et offrir un peu d’air pur à nos montagnes ! Vos réactions sont les bienvenues…

Plus d’informations sur le FIL

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Community Manager de l'imprimerie Villière (imprimerie écologique).

One Comment

  1. enfin UN transport d’avenir. Espérons que ce projet Véra rapidement le jour car en France nous savons bien pratiquer la danse de la samba, un pas en avant et deux pas en arrières Je soutiens ce projet et vous souhaite bonne chance pour arriver a convaincre les dinosaures

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